Les Amitiés spirituelles du petit frère Luc de la Trinité.
Texte de Raymond Bélanger
Pour sa première exposition, dont le vernissage aura lieu le 6 juillet prochain, le petit frère Luc de la Trinité propose, au monastère de la Croix glorieuse, vingt-quatre toiles où la main candide de l’autodidacte traduit déjà l’éclosion d’un talent prometteur. L’audace plait quand elle dégage un parfum d'humilité. Et ce plaisir devient ravissement lorsqu’on apprend qu’il s’agit des toutes premières créations réalisées en trois mois de la main de ce moine de la communauté des Petits frères de la Croix, de Sainte-Agnès en Charlevoix.
Non, il ne s’agit pas d’icônes bien que ces tableaux, peints à gros trait, s’offrent une liberté qui pourrait s’apparenter à celle des iconographes. L’effet surprend, mais rapidement on se laissera prendre, ici par l’originalité de sa traduction de l’icône de la Trinité de Roublev, là par un Saint André Bessette nous adressant un regard moqueur, du jamais vu dans la représentation du frère portier de l’Oratoire. «Ce Christ ne ressemble pas tellement au Christ», souligne l’artiste devant une de ses toiles. Mais qui peut dire à quoi ressemblait Jésus, dont toute représentation n’est que pure invention. Parcourir les œuvres de Luc de la Trinité, c'est feuilleter les pages illustrées des amitiés spirituelles d'un petit frère de la Croix.
En se décidant à prendre le pinceau, Luc de la Trinité réalise un rêve remontant à une adolescence entourée d’artistes. Il aura mis trente ans à se décider pour constater une aisance à livrer des visages et des corps respectant, somme toute, les canons de la proportion. Si la transgression de certaines conventions picturales traduit un talent en processus d’épanouissement, les œuvres reflètent une intériorisation spirituelle intense, heureux héritage de la vie monastique. De là à soupçonner l’artiste de cheminer vers l’écriture iconographique, il n’y a qu’un pas que nous n’hésitons pas à franchir. Avec regret, car nous apprécions dans sa façon de nous livrer ses personnages, une originalité des plus séduisantes.
Les œuvres du petit frère Luc de la Trinité justifient le détour. «Amitiés spirituelles», une exposition à visiter jusqu’à la fin août, du mardi au dimanche (9h00 à 10h30 et de 14h00 à 16h30), au Monastère de la Croix Glorieuse, à Sainte-Agnès de Charlevoix. Le vernissage, le dimanche 6 juillet, se déroulera de 14h00 à 16h30. Entrée libre.
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