Témoignage de Martine Lever : Rien n'est impossible à Dieu
Du plus profond des ténèbres à une lumière qui transforme, le parcours extraordinaire de Martine Lever témoigne avec force que la vie, même fracturée par des traumatismes successifs, peut connaître une renaissance spirituelle complète. Nous vous invitons chaleureusement à la rencontrer au monastère des Petits Frères de la Croix, pour un moment privilégié d'échange. Son écoute empreinte de compassion, son partage sincère et sa prière nourrie par une expérience personnelle profonde pourront illuminer votre propre chemin spirituel, quels que soient les défis que vous traversez.
Un parcours marqué par la douleur et la foi
Onzième enfant d'une famille nombreuse, Martine porte depuis sa naissance la blessure profonde de s'être sentie simplement « attendue » plutôt que véritablement désirée — une souffrance existentielle qui a façonné son rapport au monde et fragilisé les fondations mêmes de son identité.
À l'âge de trois ans, un déménagement précipité bouleverse sa vie, suite à l'absence prolongée de son père contraint de s'éloigner pour une période indéterminée. Cette situation plonge sa famille dans une précarité dévastatrice, sa mère se retrouvant seule face à l'immense responsabilité d'élever onze enfants. Le sentiment de déracinement de Martine s'intensifie tragiquement avec le décès de son père, dont les funérailles se déroulent, par une cruelle ironie du sort, le jour même de son douzième anniversaire.
Adolescente fragilisée par ces épreuves, elle subit plusieurs agressions sexuelles traumatisantes qu'elle n'ose révéler à personne. Prisonnière d'un silence qui la dévore de l'intérieur, elle sombre dans une dépression profonde qui accentue son isolement. À 18 ans, devenue mère célibataire et confrontée à de graves difficultés avec le père de l'enfant, elle se voit contrainte à la déchirure ultime : abandonner son enfant âgé d'un an et demi. Cette séparation laisse en elle une blessure indélébile qui s'ajoute au fardeau de ses traumatismes antérieurs. Face à ce vide existentiel devenu insupportable, elle tente à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours, cherchant désespérément à échapper à une douleur qu'elle ne peut ni exprimer par des mots, ni surmonter par ses seules forces.
Une rencontre qui bouleverse tout
À vingt ans, Martine fait la connaissance de Jean, son futur époux, dans le restaurant où elle travaille comme serveuse. D'abord simple présence bienveillante, il devient rapidement un ami précieux, lui offrant un soutien indéfectible lors des crises cardiaques qui frappent sa mère. Progressivement, leur relation évolue vers un lien plus profond, bien que fragile. La veille de leurs noces, submergée par l'angoisse et les doutes, Martine se confie avec une bouleversante sincérité : « Je ressens pour toi une amitié véritable, mais je suis trop brisée pour aimer pleinement. » Malgré cette confession déchirante qui aurait pu tout compromettre, ils s'unissent devant l'autel. Hélas, leur mariage se transforme en un parcours semé d'obstacles insurmontables : douze années marquées par des violences destructrices et des infidélités douloureuses qui conduiront inévitablement à leur séparation.
L'éveil spirituel et la renaissance
Le tournant spirituel dans la vie de Martine survient de façon inattendue, lorsque leur fille Anne-France manifeste le profond désir de faire sa première communion. Jean, revenant au foyer spécifiquement pour participer à cette démarche familiale, se heurte à la déclaration catégorique de Martine qui affirme que « Dieu n'existe pas ». Néanmoins, mue par un instinct maternel protecteur et une curiosité sceptique, elle accepte de s'impliquer dans le comité de parents — son intention secrète étant de surveiller étroitement l'enseignement religieux dispensé et de démystifier ce qu'elle considère comme une illusion auprès de sa fille.
La veille de cette cérémonie, un événement bouleversant se produit : Daniel, leur fils de 5 ans, dans un élan de joie enfantine et avec une simplicité désarmante, invite spontanément des voisins à participer à l'événement. L'enthousiasme innocent et la conviction naturelle de l'enfant ébranlent profondément les fondements de l'athéisme de Martine, créant la première fissure dans son armure de certitudes.
Ce cheminement intérieur s'approfondit considérablement grâce à la rencontre providentielle avec un couple dont la foi authentique irradie lors des sessions de formation destinées aux parents. Leur amour tangible l'un pour l'autre et leur foi lumineuse, loin d'être ostentatoire, bouleversent intimement Martine et Jean, semant en eux les graines d'une transformation profonde. Inspirés et touchés par ce témoignage vivant, ils prennent la décision cruciale de participer ensemble à une session pour couples, expérience qui métamorphose radicalement leur relation fracturée, les guidant vers un pardon mutuel véritable et libérateur. Cette réconciliation authentique leur permet enfin de « se marier réellement dans leur cœur », scellant un engagement sincère après douze années marquées par la souffrance et les épreuves.
Une foi qui guérit et libère
Deux ans après leur conversion, Martine replonge dans une profonde détresse existentielle. La véritable guérison intérieure survient lorsqu'à 35 ans, submergée par la souffrance, elle élève un cri déchirant vers Dieu un soir, seule dans sa maison. En ouvrant les Écritures, elle tombe providentiellement sur le récit de la résurrection de Lazare (Jn 11, 38s), dans lequel elle se reconnaît instantanément. L'âme meurtrie, elle supplie le Seigneur de lui redonner vie, comme Il l'a fait pour Lazare. Une douce locution intérieure l'envahit alors, lui révélant qu'elle est profondément aimée de Dieu malgré ce sentiment d'abandon qui l'habitait depuis si longtemps. (Is 49, 14-16) Depuis cette révélation transformatrice, l'esprit de mort qui la hantait n'a plus jamais resurgi.
Cette renaissance spirituelle précède, comme par miracle, les retrouvailles bouleversantes avec sa fille Linda et sa petite-fille Jade après vingt longues années de séparation, marquant l'aboutissement d'un douloureux chemin de réconciliation avec elle-même et son passé. Jade, sa petite-fille, est à l'époque âgée d'un an et demi, exactement l'âge qu'avait Linda, sa fille, lorsqu'elles furent séparées deux décennies plus tôt.
Rayonnante de sa guérison intérieure, Martine commence à exercer un ministère de prière aux côtés de son mari Jean, notamment à la maison Jésus-Ouvrier, où ils accompagnent des âmes blessées vers la guérison. En 2018, sa foi est mise à l'épreuve une nouvelle fois : elle perd Jean, son compagnon de vie et de ministère, puis, à peine un mois plus tard, son fils bien-aimé. Ces deuils successifs, quoique déchirants, s'inscrivent dans une existence déjà marquée par la souffrance, mais désormais soutenue par l'Esprit de Jésus qui lui donne la force de traverser ces vallées d'ombre avec une sérénité qui témoigne de sa transformation profonde.
En 2021, Martine franchit une étape spirituelle décisive en devenant veuve consacrée lors d'une cérémonie solennelle chez les Petits Frères de la Croix. Aujourd'hui, animée d'une compassion profonde née de ses propres épreuves, elle y déploie un ministère d'accompagnement d'une rare sensibilité. Son cœur, autrefois brisé mais désormais guéri par la grâce divine, la porte naturellement vers les âmes les plus tourmentées : celles qui pense au suicide dans leur désespoir, les victimes meurtries par des abus de toute nature, les couples dont l'amour vacille, les détenus luttant pour retrouver leur place dans la société, et tous ceux qui, croyants ou non, affrontent dans la solitude les tempêtes spirituelles les plus violentes.