«Ainsi parle le Seigneur Yahvé : Et moi, je prendrai à la cime du grand cèdre, au plus haut de ses branches je cueillerai un rameau ; et je le planterai moi-même sur une montagne très élevée. Sur la haute montagne d'Israël, je le planterai. Il poussera des branches et produira du fruit et deviendra un cèdre magnifique. » (Ez 17, 22-23)

Du petit rameau qu'il était, le Monastère de la Croix Glorieuse est devenu semblable à un cèdre magnifique. Dans ses branches, viennent s’abriter toutes sortes d'oiseaux, dont la plupart sont sans endroit où nicher. Tel un oisillon à la recherche de sa mère, je fus aussi de ceux qui, en cette vie, ne savent plus où aller. Alors catéchumène, j'espérais en Dieu d'une certaine manière. Mais hélas, mon cœur endurci et blessé croyait sans croire. Jésus Christ, l'unique médiateur entre ciel et terre, était toujours pour moi un incroyable mystère.

Après plusieurs mo1497622_10151809769972218_248963759_nis passés dans une profonde déprime, l'aurore commença heureusement à poindre. L'esprit de Dieu, déjà à l'œuvre par sa main puissante, me fit connaître l'existence du monastère béni grâce à une proche amie. Aussitôt, je sus qu'il fallait m'y rendre. Sur un des murs du monastère où figure son histoire est écrit : Toute personne est bienvenue et considérée comme envoyée par Jésus lui-même. Eh bien ! Je confirme avec joie la réalité de ces mots ! Non seulement, dès mon entrée, je fus accueillie à bras ouverts comme on peut l'être dans une famille, mais encore, c'était bien Jésus lui-même qui m'y conduisait. Pourtant, malgré ce climat chaleureux et très priant, mon état d'âme ne s'améliorait guère. Un soir, à bout de forces, je me rendis sur la pierre tombale du père fondateur. Inondant la tombe de mes larmes, je demandai d'un cri perçant à Charles de Foucauld et au père Michel : SVP, intercédez pour moi, libérez-moi, faites-moi rencontrer Jésus Christ ! Cette prière s'unissait bien à celle que Charles de Foucauld fit peu de temps avant sa conversion : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ! » Bien au-delà de la petite famille du monastère s'étendait donc la grande famille des saints, veillant déjà avec bonté sur mon âme désolée.

Le lendemain, Jésus toucha mon cœur. Pleurant toute mon impuissance devant un petit frère prêtre que j'aime beaucoup, je fus touchée par une grande paix lorsqu'il m'imposa les mains en prononçant cette parole venant de Dieu : «Tu es ma fille bien aimée en qui j'ai mis tout mon amour.» Ces paroles profondes qui, sans que je ne le sache à cet instant, renvoient au baptême de Jésus, résonnèrent dans le fond de mon âme. À ce moment, je n'avais plus qu'une certitude : Jésus est là, il m'attend depuis toujours, il me précède, il a entendu mes cris et y répond, il tente de m'approcher, et au fond, ce qui constitue la fibre de mon être est le désir de lui répondre : oui, oui, oui. Je l’avais cherché à l'extérieur, dans tout ce qui n'est pas lui, toute ma vie durant. Tous ces détours n’avaient été que sources de malheur. Et tout à coup, le voilà; j’avais trouvé celui qui donne la vraie joie !!! C'est le Dieu, l'unique, qui révèle sa parole dans la sainte Bible. Sa parole révélée coïncide avec notre être intérieur. Tout vient de Dieu, tout y retourne, Alleluia !!! À cet instant vraiment, ma façon de voir fut bouleversée, car je venais de faire l'expérience d'une rencontre, inoubliable. À mon retour de retraite, je me sentais comme si j’avais fait un très long voyage, un voyage hors du temps, pourrait-on dire.

Depuis ce jour, je reviens fréquemment en ce saint lieu. Assurément, l'esprit y opère encore des merveilles. Lors de la dernière fête de la sainte famille, Dieu y a amené mes parents (la vocation du monastère est de reproduire la vie cachée de Jésus à Nazareth avec Marie et Joseph...). Mieux encore : mon père est un musulman d'Algérie. L'intercession de Charles de Jésus y est peut-être pour quelque chose... : qu'un musulman aime un monastère chrétien est en effet peu commun.

Prions donc pour que Dieu donne encore plus de moines à cette belle communauté qui rayonne tellement l'amour de Jésus, à la suite de Charles de Foucauld.

Sarah-Christine Bourihane 
ONeill juin 2011

Photo: Francine Courchesne.

«J’aime les monastères. Je les ai fréquentés, sur une base irrégulière, toute ma vie durant. Le silence qui y règne, le rythme que créent les offices quotidiens, le chant des moines et, surtout peut-être, le fait qu’encore aujourd’hui on y poursuive la tradition plusieurs fois séculaire d’accueillir inconditionnellement toute personne qui s’y présente en font pour moi une sorte de merveilleuse et précieuse anomalie dans un monde où tout est compté et tarifé. Quelles que soient sa croyance ou sa condition, on y est accueilli et hébergé sans que rien ne soit formellement requis de nous, en laissant jouer avec confiance et générosité la règle du donativo : même s’il y a à l’occasion des montants suggérés, chacun demeure toujours libre de donner selon son cœur et ses moyens lors de son départ. Alors même si je ne suis pas un catholique pratiquant ni un sociologue des religions, c’est la première des raisons qui m’ont poussé à consacrer une partie significative de mon temps durant une année à écrire ce livre.»

« Alors si en Charlevoix vous passez par la route de l’intérieur des terres entre Baie St-Paul et La Malbaie, gardez l’œil ouvert et à environ 10 kilomètres après la sortie du village de St-Hilarion, regardez vers la gauche dans les montagnes. C’est là, sur les hauteurs de Ste-Agnès, qu’est perché le monastère de la Croix Glorieuse, bien visible de la route et facilement reconnaissable à sa masse impressionnante et à ses toits rougeâtres. Et, pourquoi pas, prenez quelques minutes et faites le détour pour vous y rendre, ne serait-ce que pour admirer le panorama magnifique qui s’y révèle ou pour vous recueillir dans son église au décor byzantin vraiment hors du commun. Cela vous permettra de vérifier par vous même si le contenu de cet ouvrage vous semble rendre fidèlement compte de ce qui s’y passe et je vous parie que, comme moi, c’est un détour que vous ne regretterez vraiment pas.»

(Extraits de l'avant-propos du livre « L'épopée des Petits frères de la Croix. Histoire d'une nouvelle communauté monastique québécoise dans l'Église catholique d'aujourd'hui.», paru aux Presses de l'Université Laval en août 2014.)

Michel O’Neill 

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Il y a 16 ans, je suis arrivée au Monastère des petits frères de la croix avec des élèves du secondaire. J’étais animatrice de pastorale dans une école secondaire, j’accompagnais mes élèves pour une expérience de silence. En 2002, les écoles étant devenues confessionnelles, je suis devenue animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire dans les écoles primaires, ce qui a distancé mes séjours avec les élèves.

«Le silence du monastère me manquait profondément. J’y suis revenue seule en 2009 après une rupture amoureuse particulièrement difficile. Comme la Samaritaine, le Seigneur a guéri la femme blessée. Depuis je reviens régulièrement dans cette oasis de silence puiser à la Source. Cette Source c’est le Seigneur Jésus-Christ avec qui je retrouve mon équilibre intérieur.  Cet équilibre, c’est de me savoir accompagnée par lui dans une communion profonde.

 

Lucie Baril 

JLTrois jours chez vous, c’est trois jours au Ciel.  J’ai beaucoup aimé débuté ma semaine de vacances chez vous; votre accueil par le père Frère Michel ( un beauceron passionné comme je les connais si bien et tout d’un bloc ! ). Vous m’avez accueilli  plus qu’un roi, je dirais comme un «frère».  J’ai été accueilli et « intégré» avec amour dans votre famille, comme si j’y faisais partie depuis une éternité : Lors des repas où on fait la vaisselle ensemble en silence ou presque.

Et que dire de votre église ou chapelle abbatiale :   Elle invite à la prière et à la restauration de tout notre être en débutant par notre corps ( J’ai vraiment senti et vu mon corps devenir plus beau et on dirait plus en santé, c’est dure à expliquer, il faut le vivre!)  Et j’ai vraiment vu et ressenti l’amour que vous avez pour notre Seigneur Jésus;  aujourd’hui à la messe, j’ai vu ce que veut dire des frères chrétiens qui prient ensemble autour de l’Amour même.  À travers vous, notre Seigneur donne tout et surtout Son Amour.  J’ai vraiment vu ou expérimenté plutôt que je suis aussi dans le cœur du Seigneur Jésus (pour la première fois de ma vie à 52 ans.

J’ai beaucoup aimé ma rencontre du Pardon avec votre père Prieur, Frère Marie-Dominique.

Je pense que notre Seigneur Jésus-Christ nous accueille TRÈS TRÈS FORT par votre entremise au monastère, comme si j’étais dans sa maison.

 

Julien Lavoie 

Faire silence au monastère : une voie vers la quiétude et le renouveau

portrait moiIl y a des silences qui font mal. Avec le « vague » qu’ils transportent, ils sonnent la fin de quelque chose. Ces silences sont sombres. Ils brisent le fil. Installent la grisaille.

Il y a des silences qui glacent, qui surprennent et qui désolent. Par l’absence qu’ils suscitent, ils provoquent la peine. Ils donnent le vague à l’âme.

D’autres silences en disent long : ils créent le vide autour de soi, mais sans ne vraiment révéler de vérité. Ils appellent le néant et nourrissent la tristesse.

Enfin, il y a des silences de grâce et de bonté. Ceux-là ressourcent et conduisent au ravissement. Ils se présentent comme des allées de lumière et sonnent l’aube d’une renaissance. On les emprunte comme on marche sur un chemin pour rencontrer la pleine solitude et retrouver une pureté de pensée et d’esprit. Ces silences purifient, ils favorisent l’élimination des toxines de l’âme. Ils font du bien. S’offrant à nous tels des baumes pour l’âme, ces silences sont imprégnés d’amour et de sérénité.

C’est ce silence que je retrouve au Monastère de la Croix-Glorieuse lorsque je viens m’y réfugier. Ici, le silence est à la fois doux et fort. En filigrane, il loge dans tous les petits interstices du temps et habite pleinement les lieux. Ce qui rend lumineux le silence qui règne au Monastère, c’est la subtilité de sa présence : à la fois fin et plein, il incarne la douceur et la paix. C’est un voile, c’est un rayon de lumière, c’est une vibration calmante, c’est une onde musicale. C’est un vide plein de lumière. C’est un chant sacré. C’est une prière. Un recueillement. Une véritable caresse divine!

Un passage au monastère, c’est l’occasion de renouer avec notre intériorité et de se mettre au diapason de notre musique intérieure. C’est une rencontre avec soi, mais aussi – et surtout- avec des personnes imprégnées de bonté et d’amour, qui ne souhaitent qu’une chose : notre confort spirituel et la poursuite de notre quête. Ici, l’invitation au silence devient une discipline qui repose sur une seule et grande volonté : respecter le vide nécessaire à la quête, autant pour soi que pour autrui.

Habiter ces lieux, c’est faire le plein de vide sain et de lumière divine. C’est se ressourcer d’un souffle de bonté. Sortir d’ici, c’est emmener avec soi un peu de cette lumière et semer ce qu’il faut d’étincelles et de rayons pour ravir un peu plus notre quotidien et celui des autres…quotidien qui bien souvent ne nous donne plus l’occasion de trouver la quiétude. Venir au monastère, c’est faire le plein de silence pour en faire don ensuite. En définitive, c’est une histoire de don et de renaissance!

Valérie Desgroseilliers